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Recrutement et formation : les apports de la réalité virtuelle à la maintenance

XavierBiseul
Xavier Biseul
Le 7 mars 2023
7 min de lecture

En plongeant un candidat dans son futur environnement de travail, la réalité virtuelle permet à l’employeur d’évaluer sa capacité à occuper le poste.
 
Cette mise en situation pratique peut également former des techniciens à différents scenarii d’intervention.

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Le Livret Praxedo
Recrutement de techniciens de maintenance : conseils pratiques pour attirer et intégrer les bons profils

De la difficulté à évaluer un savoir-faire technique

Comment s’assurer que le profil d’un candidat est bien adapté au poste à pourvoir ? Il existe toutes sortes de tests de personnalité qui décèlent ses compétences comportementales. A savoir ce qui concerne le savoir-être (“soft skills”) : l’autonomie, l’esprit d’initiative, la capacité à travailler en équipe, la réactivité ou la rigueur.
 
L’évaluation des “hard skills” est parfois plus complexe. Sanctionnées par un diplôme ou une certification, les compétences académiques sont aisément démontrables. A défaut, un questionnaire ou un QCM peuvent les valider. En revanche, certains savoir-faire techniques qui relèvent d’un “tour de main” particulier ne se démontrent que par la pratique.
 

Place à la Simulation réaliste de poste (SRP),

C’est le cas du technicien de maintenance qui, suivant sa spécialisation et le secteur d’activité dans lequel évolue, effectue des manipulations propres à son corps de métier. La mise en situation s’avère alors indispensable pour s’assurer que le candidat possède bien ce savoir-faire.
 
Pour autant, cette mise en situation n’est pas toujours possible car elle s’avère trop complexe, dangereuse ou coûteuse. Impossible d’arrêter une ligne de production industrielle pour effectuer un test de recrutement ou de placer un postulant au cœur d’un site sensible, comme une centrale nucléaire.
 
C’est là que les nouvelles technologies interviennent et plus particulièrement la réalité virtuelle. Avec la Simulation réaliste de poste (SRP), le candidat est plongé dans un univers immersif qui reproduit à l’identique l’environnement de travail du poste qu’il souhaite occuper.
 
Chaussé d’un casque de réalité virtuelle, il se met dans la peau d’un technicien sur site et va devoir effectuer un certain nombre d’actions en un temps donné. Le recruteur observera sa dextérité, sa capacité d’analyse mais aussi ses réactions physiologiques (stress, anxiété).

Le technicien soumis à des conditions extrêmes

Pour aller plus loin dans l’évaluation de la capacité à résister au stress, la réalité virtuelle permet de plonger le candidat dans des situations extrêmes, difficiles à reproduire dans la réalité. L’apprenti technicien de maintenance devra, par exemple, opérer de nuit et sans éclairage extérieur ou sous une tempête de neige.
 

Avez-vous le vertige ?

Autre exemple : UniVR Studio a développé une expérience simulant un atelier de travail en hauteur pour les entreprises du BTP, testée par l’entreprise de travail temporaire Randstad. “L’immersion est si forte pour les participants qu’il est impossible pour le candidat de cacher s’il n’est pas à l’aise avec le fait de travailler régulièrement à des hauteurs importantes”, explique son directeur général associé dans un billet de blog.
 
La réalité virtuelle permet aussi de s’assurer que le technicien respecte bien les consignes de sécurité. Dans une usine, il peut se voir “virtuellement” tamponner par un Fenwick s’il n’a pas regardé autour de lui en franchissant une voie de circulation.

Eviter les erreurs de casting

Comme on le voit, la SRP présente un grand nombre d’avantages. En proposant ce test grandeur nature, l’employeur s’assure que le candidat a bien les compétences qu’il prétend. Ce qui n’empêchera pas de faire des tests complémentaires, techniques ou de personnalité.
 
De son côté, le candidat se fait une idée très concrète du poste pour lequel il postule. En se projetant dans son possible futur, il peut d’ailleurs décider de s’arrêter là, faute d’appétence. Ce qui évitera des erreurs de casting, très lourdes financièrement pour l’employeur entre les salaires versés, les coûts liés au recrutement et à l’intégration, ou la perte de productivité qu’entraîne la vacance du poste.

Lutter contre la pénurie de compétences et les préjugés

La réalité virtuelle peut aussi venir en aide aux entreprises qui souffrent de pénurie de compétences. C’est particulièrement vrai en ce qui concerne les secteurs qui peinent à recruter certains profils par manque d’attractivité. On peut penser aux techniciens de maintenance industrielle.
 
La réalité virtuelle donne à ces entreprises une image moderne, loin des clichés véhiculés, par exemple, autour des métiers de l’industrie. Propre, silencieuse, sécure et hightech, l’usine d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celle décrite par Zola dans Germinal.
 
Pour lutter contre ces stéréotypes, un recruteur peut aller, casque de réalité virtuelle à la main, sur un salon emploi montrer à des étudiants ou des jeunes diplômés la réalité de ses métiers. Cette nouvelle arme dans une stratégie de marque employeur peut être particulièrement utile auprès des générations Y et surtout Z réputées difficiles à attirer et à fidéliser.
 

Un mode de recrutement plébiscité par les candidats

Les candidats plébiscitent ce nouveau mode de recrutement selon une étude du cabinet de recrutement Robert Walters. Si seulement 4% des entreprises sondées y ont recours, 72% de candidats qui ont vécu l’expérience ont apprécié. Chez les candidats qui n’ont jamais testé ce type d’outil, un sur trois aimerait pouvoir le faire. Ce chiffre passe à près de 40% chez les moins de 30 ans.
 
La réalité virtuelle peut servir d’autres cas d’usage dans le domaine RH. Elle peut être utilisée par un recruteur pour faire virtuellement visiter ses locaux bien mieux que ne peut le faire une vidéo même à 360°.

Se former en répétant les gestes à accomplir à l’infini

L’autre apport de la réalité virtuelle à la maintenance, c’est bien sûr la formation. Avant d’aller en intervention, un technicien va pourvoir travailler les gestes à accomplir, les répéter à l’infini et s’autoriser des erreurs sans danger
 
Cet apprentissage virtuel s’avère particulièrement utile avant d’intervenir sur des sites sensibles et/ou difficiles d’accès comme une centrale nucléaire, une raffinerie ou une plateforme pétrolière en mer.
 
Depuis 2016, les techniciens de GRTgaz se forment via une solution immersive interactive reproduisant l’une de ses installations industrielles de livraison de gaz. Ils peuvent manipuler les vannes et autres outils de commande, acquérant ainsi les bons gestes et les réflexes adaptés. “L’application reproduit l’outil industriel et offre la possibilité de simuler des actions rares sans affecter la continuité et la sécurité des ouvrages gaziers”, explique GRTgaz.
 
Filiale d’EDF, Réseau de Transport d’Électricité (RTE) utilise, elle, la réalité augmentée pour former les techniciens amenés à intervenir sur des équipements électriques très sensibles, comme les parafoudres et puits de permutation qui protègent le réseau des surtensions (source L’Usine Digitale).
 

Sensibiliser aux risques d’accidents du travail

Enfin, la réalité virtuelle permet de sensibiliser les techniciens aux accidents du travail et de les entraîner à pratiquer les gestes qui sauvent, avec à la clé une meilleure mémorisation selon Emmanuel Bourcet, le fondateur de D’un Seul Geste. En les aidant à adopter la bonne gestuelle, elle peut aussi réduire les troubles musculosquelettiques (TMS).